Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
Événement // Nuit Blanche 2012 // Carte Blanche à Alberto Sorbelli
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Samedi 6 OCTOBRE 2012.
Le Générateur, Gentilly.

Sur le fil de cette 7ème nuit blanche, [Frasq] est le lieu privilégié pour la présentation de formes artistiques permissives et fantasques. Mise au parfum avec cette 4ème édition de [Frasq], ce samedi 6 octobre 2012 au Générateur… Thomas Schlesser, Alberto Sorbelli, Catherine Radosa et le duo Sofi Hémon & Angie Eng, 4 propositions artistiques en simultané.

On a presque failli perdre le fil de cette nuit avec Morphic resonance, l’installation vidéo performative de Sofi Hémon et d’Angie Eng. Ces dernières ont transformé le Générateur en un cocon hybride de 600m2. Les structures en bambou et feuilles de papier, à la fois légères par leur composition et imposantes par leur rendu spatial, ont été manipulées avec souplesse par Sofi Hémon et les sept acolytes qui l’accompagnaient tout au long de cette Nuit Blanche. Illusoirement déconstruites par l’usage du vidéomapping dirigé par Angie Eng, l’architecture de Sofi Hémon a endossé le rôle d’un écran protéiforme et mouvant au fil de la performance. S’y dessinaient des paysages lumineux pour nous immerger dans univers flottant dans lequel déambulaient les spectateurs. Déstabilisés, les visiteurs de cette Nuit Blanche au Générateur regardaient partout autour d’eux avec un air émerveillé pour certains, interrogateur pour d’autres. Au dessus de leurs têtes, un ciel de bambou mobile ; sous leurs pas, les projections vidéos éphémères sillonnant les structures filaires en bois. Un instant dans une ambiance lumineuse rouge, l’instant suivant plongés dans l’obscurité....

Ça a déversé avec Thomas Schlesser qui a tenu en haleine son public jusqu’au bout de la nuit (blanche). Tel une statue de chair, vivante et (très) causante, il nous a orienté sur le chemin du savoir. Le saviez-vous ? , sa proposition pour la Nuit Blanche / Nuit des savoirs au Générateur, reposait sur un pari risqué : 6 heures de performance vocale en continuum. Et, oui, il l’a fait. Un flot d’affirmations et de suppositions à couper le souffle. D’abord dans le hall du Générateur puis dans l’espace parallèle de la Morphic resonance, en passant par la loge ou la table de conférence de presse d’Alberto Sorbelli, Thomas Schlesser a littéralement étalé son savoir aux disciples qui en voulaient plus, toujours plus...Tantôt guidé par la main d’Anne Dreyfus, tantôt par une irrésistible envie de rencontrer Bacchus dans le fond d’un verre, notre performeur d’un soir a erré pendant les 6 heures promises, pour notre plus grand plaisir.

Changement d’ambiance, la conférence (de presse) performée d’Alberto Sorbelli fut sans doute le moment le plus déstabilisant de cet événement nocturne. Il faut dire qu’il n’est pas un artiste pour celui qui rêve d’art apaisant et réconfortant. Pour preuve, l’artiste s’est montré plutôt discret tout en faisant forte impression auprès du public avec cette performance interrogeant la notion et la manière de traiter l’esthétique des médias. Tout de rouge vêtu, Alberto Sorbelli (metteur en scène), assisté de six apôtres (étudiants de l’ISBA de Besançon), ont pris immanquablement possession de leur public au moyen d’interventions orales et incantatoires, ponctuées par les interventions de l’auditoire perplexe, peut-être même embarrassé. Exposés à l’intense rayonnement de l’envoutante Morphic resonance, aux prosodies électriques d’un Thomas Schlesser envoutant, les spectateurs du Générateur ont pu ce soir-là goûter pleinement aux mille et une nuances du pouvoir de la communication. Avec Les mille et une nuits blanches l’artiste de l’indiscipline, Alberto Sorbelli, a encore une fois oeuvré dans le champ de l’art dématérialisé, privilégiant une attitude en retrait et une capacité à interagir dans l’écosystème de l’art jusqu’à le corrompre et le dérégler.

À noter, Les milles et une nuit blanches sont vouées à se poursuivre en se dispersant dans les méandres de la toile, dans les médias et son réseau (papier, on-line, audiovisuel, radiophonique ou autres). Pour le lancement du projet Les mille et une nuits blanches, les éditions Jannink et Le Générateur présentent : « Alberto Sorbelli. Photos d’artistes ». Publication disponible à l’espace librairie du Générateur ou sur commande à contact@legenerateur.com)

Côté rue, c’est la projection de Catherine Radosa, déplacements urbains, qui nous éclaire. Un peu de soleil en dépit du mauvais temps. Sur la façade d’un immeuble en face du Générateur, la vidéaste a imaginé une vidéo en trompe l’œil constituée d’une série d’actions-performances dans l’espace urbain, comme une fenêtre en mouvement, ouverte sur la nuit (blanche).

Sur le parvis de la mairie du 3ème, en fanfare, pour une rébellion collective et performative s’est déroulée Forza Francia, viva Italia ! Les spectateurs / passants ont pu suivre le cortège dirigé par les performeuses italiennes Romina de Novellis et Elvira Frosini dans le cadre de la programmation Nuit Blanche du Générateur. Travesties en Mariannes pernicieuses, aux corps sensuels et provocants, elles jonchaient le sol d’une liberté presque animale, malmenant dans l’espace public les insignes des républiques françaises et italiennes. Profondément touchées par les nouvelles répressions économiques et aliénations politiques européennes, drapées dans leur dignité, elles se sont engagées à la faveur d’une émeute artistique, libératrice et désinhibée… guidant la révolution (esthétique) de [FRASQ]…

Marion Estimbre et Juliette O’Leary

www.legénérateur.com


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