Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon
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1 plateforme [1] 40 étudiant·e·s - 5 écoles - 4 intervenant·e·s Dalida Maria Benfield - Elsa Abderhamani - Laurent Pichaud - Esther Salmona - 2 étudiant·e·s diplomé·e·s de l’ISBA - Quentin Lacroix - Yusha Ly - 3 enseignantes Martha Salimbeni - Isabelle Massu - Emilie Mc Dermott - 1 lieu Historique - Saline Royale d’Arc et Senans - 2 langues - Français, Anglais

La pédagogie est souvent considérée comme le domaine exclusif des enseignant·es. Pourtant, par-delà la transmission des savoirs, elle s’intéresse au lien entre développement personnel et participation à la société. Elle se préoccupe non seulement de l’échange d’informations, mais des conditions – mentales, émotionnelles, physiques – qui permettent cet échange. En cela, elle peut constituer un espace d’investigation transversal aux disciplines et aux contextes, un champ possible pour déployer de nouvelles manières d’apprendre, d’échanger, de créer, mais aussi d’être ensemble, dans l’école et dans le monde. Pour ouvrir ce chantier, nous réunirons durant cet ARC un groupe hétérogène d’étudiant·es, d’enseignant·es et d’intervenant.es désireux d’envisager la pédagogie comme un médium, comme une nouvelle discipline créative, une manière de repenser l’école, ses contenus et ses pratiques ensemble.

Durant cette courte semaine, les étudiant.e.s se verront proposer une série de workshops mettant en jeu les échanges de savoirs, la porosité des pratiques, la désassignation et la libre (re)distribution des rôles, voir des statuts et des fonctions. Il ne s’agira pas de nier l’école comme réalité institutionnelle et porteuse de possibles mais plutôt d’en penser une organisation peut-être plus souple, peut-être plus fragile aussi, et probablement éphémère, où la question « comment faire ? » n’a pas moins d’importance que le « que faire ? » qui est l’ordinaire des étudiant·e·s et parfois des enseignant·e·s.

4 jours pour s’essayer à chahuter les méthodes d’apprentissage. 4 jours pour penser la pédagogie comme médium ou comme forme et travailler sa matière, définir ses composantes, fluidifier ses contours. 4 jours pour oublier que la transmission est souvent une pratique unilatérale et en faire une source d’inspiration, voire de coopération lorsqu’il s’y forme des creux et des pleins, des manques et du surplus. 4 jours pour créer à partir d’un lieu, celui de la Saline d’Arc et Senans. 4 jours pour assouplir son austérité avec nos corps, son autorité avec nos regards, nos voix et lui inventer une nouvelle histoire, 4 jours pour se frotter à l’Histoire d’un lieu et peut être même se réconcilier avec.

intervenant·e·s

Elsa Abderhamani
Qui parle, et qui a le droit de prendre la parole ?
Un espace de parole n’est pas offert à toutes et tous, et nous ne sommes pas toujours écouté.e.s.Il nous arrive d’être en périphérie, éjecté.e.s loin du centre. Tentons ensemble de prendre l’espace. Et profitons-en pour nous demander ce qu’est le centre, par qui il est pris et occupé, et ce que signifie y prendre place. Débattons, osons être en désaccord. Prenons des risques ! Durant ce temps de rencontre, on a la possibilité de déboulonner des statues, refaire des bâtiments, peut-être même changer le nom des rues. Tout renommer et redessiner. Nos points de départ pour nous emmener plus loin ou ailleurs : la pédagogie du risque de bell hooks, les fresques collaboratives, les revues et fanzines féministes.

Elsa a étudié la communication visuelle à l’ESAA Duperré, ensuite suivi un cursus de philosophie à l’Université de Paris 10, et d’arts à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy. Elle se concentre particulièrement sur la philosophie politique et l’éthique animale, tout en poursuivant une recherche en vidéo, dessin et photographie.
Elle travaille depuis 2012 à la réalisation d’une cartographie filmée en Picardie, intitulée Tout autour. Elle crée en parallèle des scénarios dessinés, et reçoit en 2016 le 2ème prix Jeunes Talents du Festival International de Bande Dessinée d’Angoulême. Ses expérimentations graphiques et narratives sont aussi visibles dans la revue trimestrielle de bande dessinée Bien, Monsieur., dont elle est co-fondatrice.

Dalida Maria Benfield

"...these boots were made for walking".- Nancy Sinatra

“We are sorry for the inconvenience, but this is a revolution.” 
- Subcomandante Marcos

An Inconvenient Walking
Too slow. Too fast. Taking up all the room in the hallway. Running down the stairs to catch the train - OUT OF MY WAY ! We are in each other’s way. We are slowing each other down. Or we are rushing each other. You’re behind me, pushing. I feel you. I hear the clicking of your boots.

As we walk, we set a pace, and we take up space. We create both a rhythm and sphere of influence for that rhythm. How should we walk ? What would it mean to understand our walking as a revolutionary act ? Beyond the sense of going against the grain, the derive, a movement across or in studied ignorance of flows of established discourses and commerce. How might we move ? If not against, or across, would it make sense to move towards ? Towards whom ? Where ? When ?

If we move towards rather than against, could we walk revolutions ?

La recherche de Dalida María Benfield aborde les questions de genre et la géopolitique du savoir dans le travail des artistes et activistes des médias numériques contemporains. Construite à partir de la théorie décoloniale, de la méthodologie féministe transnationale et de la sociologie des flux globaux d’information, sa recherche et sa pratique ont abouti au concept d’« esthétique médiatique décoloniale ».

Laurent Pichaud
Travailler artistiquement dans un site non artistique pourrait parfois s’entendre comme une contre-indication pédagogique : on l’investit, on l’envahit, on lui impose un art qu’il ne réclame pas, ou pour le dire dans un vocabulaire plus actuel : on le colonise. Sans aucune réversibilité nous sommes ceux qui apportons le savoir-faire et c’est donc au site de nous accueillir.
La question de trouver l’équilibre, voire même l’équivalence, entre nos pratiques artistiques exogènes au site et ce que lui réclame – de par ses codes architecturaux, sociaux, mémoriaux, esthétiques, etc. – est donc un horizon d’attente à réinventer à chaque occasion. Parce que, et c’est le postulat que nous essaierons d’incarner durant ce workshop : trouver notre corps sensible à même un site que l’on ne connaît pas encore n’est qu’un prétexte à s’interroger soi-même dans nos habitudes, nos processus ou nos envies d’y être. On ne prend pas un site au prix d’une bataille féroce, on est à apprendre par lui.

Laurent Pichaud est à ce jour l’auteur de plus d’une dizaine de pièces, présentées en France et en Europe. Issu du champ chorégraphique, depuis quelques années le souci du lieu de présentation est devenu une constante dans sa démarche – chaque projet est associé à un contexte spécifique, un lieu en lui-même pouvant suffire à définir le sujet d’une pièce. Qu’il s’agisse de lieux de vie « réelle » ou d’espaces singuliers aménagés, voire d’un théâtre, c’est toujours la globalité d’un espace visuel qui participe à l’écriture.

Esther Salmona
« Un jour pas trop lointain, il faudra bien trouver les mots pour décrire ce lieu, comme tant d’autres, sous peine de disparition brutale de tout ce que nous avons vu. » in La pensée straight, Monique Wittig, éd. Amsterdam, p.30, 2018 (3ème édition).

Trouver les mots pour décrire, disparition brutale, ce que nous avons vu : autant de propositions pour entamer ce temps de présence ensemble. Qu’est-ce qu’être là, comment être là, seul.e et avec — avec quoi, avec qui. La menace de disparition est-elle une catastrophe, une chance, un devenir, ou autre chose ? Qu’avons-nous vu ? Comment peut-on se le décrire ? Au lieu de produire - sous formes de réponses, de solutions, il serait question de remonter toujours vers ce qui advient, vers l’amont, vers ce qui sans cesse apparaît, vers le moment de l’occasion — au sens du kairos, d’opérer une transformation par et à travers un mouvement constant, pour à la fois saisir et désaffecter les dimensions communes, pour commencer notre travail.

Esther Salmona est auteur, artiste, paysagiste. Elle travaille les liens entre l’espace autour, l’espace mental et l’espace de l’écriture. Elle est diplômée en 1996 de l’École des arts et industrie graphique Estienne en reliure d’art (La topographie intérieure), en 2005 de l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles/Marseille (Détroit urgence : techno, cycle, processus) et en 2007 du laboratoire de recherche en art audio Locus Sonus – Villa Arson et École d’art d’Aix-en-Provence (Sujet à un stream). En 2013/2014, elle a suivi le programme expérimental SPEAP à Sciences Po Paris. Elle enseigne à l’École du Paysage de Versailles depuis 2011, a co-animé et co-produit Espace Fine, émission littéraire sur Radio Grenouille, publie en revue papier et numérique, anime des ateliers d’écriture dans l’espace public, collabore avec des artistes, auteurs et collectifs. Elle poursuit un travail sur le temps réel, en écriture et en images.

[1Cet ARC vise à consolider les échanges pédagogiques engagés au sein de la plateforme des écoles d’art de Bourgogne-Franche-Comté, à partir de l’institution-école d’art, à élaborer collectivement une base de savoir-faire et de nouveaux outils pédagogiques qui fonctionnerait comme une structure évolutive. Nous souhaitons explorer et réunir les moyens technologiques, artistiques, graphiques et humains qui nous permettront d’élaborer cet outil expérimental, pour pouvoir ensuite penser ses modes de diffusion et d’évolution.


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